Oui au congé paternité

Nous voterons le 27 septembre 2020 sur l’instauration d’un congé paternité de deux semaines pour tous les pères. Un premier pas dans la bonne direction.

Actuellement, les pères ont droit à un seul jour de congé à la naissance de leur enfant. La situation est plus favorable dans certains secteurs, car les conventions collectives prévoient un congé plus long. Mais dans l’ensemble, instaurer un congé paternité payé de 10 jours ouvrables représentera une amélioration pour 90% d’entre eux et permettrait de mettre fin à l’inégalité entre les pères. Payés à 80%, ces jours pourront être pris en bloc ou isolément dans une période de six mois suivant la naissance de l’enfant. Les entreprises qui offrent actuellement un congé paternité plus long et/ou payé à 100% pourront continuer à se montrer plus généreuses.
En moyenne, 87’000 bébés viennent au monde en Suisse. Le coût de l’instauration d’un congé paternité représente 230 millions de francs par an. Ce congé sera financé par le relèvement de la cotisation aux APG. Une hausse très modeste, puisque nous passerons d’un taux de cotisation de 0,45% à 0,50%, la moitié à la charge des entreprises et l’autre moitié à la charge des employé-e-s. Sur un salaire de 5000 francs, cela représente un montant de 1,25 francs. Aujourd’hui, l’APG finance la perte de gain en cas de service militaire, de service civil ou de protection civile, mais aussi de congé maternité. En cas d’acceptation par le peuple, l’APG financera également le congé paternité.
Le syndicat est favorable à l’instauration de ce congé, car il permettra de mieux concilier vie familiale et vie professionnelle. Les pères pourront participer à l’accueil de leur enfant et soulager les mères à la naissance de celui-ci. D’emblée, cela favorisera un meilleur partage des tâches familiales et un apprentissage des soins nécessaires à l’enfant. Certes, ce congé est minimaliste et insuffisant. Il représentera toutefois une amélioration de la situation des pères qu’il faut soutenir. Rappelons qu’il s’agit d’un contre-projet indirect des Chambres fédérales à l’initiative pour un congé paternité d’un mois. La grève féministe du 14 juin 2019 avait donné le coup de pouce décisif pour trouver une majorité dans ce Parlement particulièrement peu généreux en matière de politique familiale. Un comité interpartis, composé des franges les plus conservatrices et libérales de l’échiquier politique, a tout de même lancé un référendum qui a abouti. C’est la raison pour laquelle nous voterons sur ce contre-projet.
Le syndicat est favorable à l’instauration d’un congé parental de longue durée à se partager entre le père et la mère. En Suisse, les parents sont très mal lotis en comparaison internationale. A titre d’exemple, une directive européenne prévoit que les Etats membres doivent offrir au minimum un congé parental de 4 mois pour le père et pour la mère qui a une activité professionnelle. Ils peuvent être plus généreux, comme par exemple en Islande où la durée du congé parental est de 9 mois à se partager entre le père et la mère. Dans les pays qui ont introduit le congé parental, il a été démontré que les pères peuvent ainsi reconnaître les besoins spécifiques de la petite enfance, ce qui les encourage au partage des tâches éducatives et de soins. Pour les entreprises, cela normalise le fait que les parents doivent s’absenter pour s’occuper des enfants à la naissance, mais aussi lorsqu’ils sont malades. Un levier nécessaire pour faire reculer la discrimination des femmes à l’embauche et mettre un frein à la vague actuelle de licenciement des femmes à leur retour du congé maternité.

Valérie Buchs/SIT-info septembre 2020