Après les prévisions erronées sur l’AVS, des calculs irréalistes sur la LPP
Après que l’Office fédéral des assurances sociales s’est trompé sur les perspectives financières de l’AVS, l’Union syndicale suisse (USS) constate, grâce à de nouveaux calculs, que les prévisions de cet office concernant la réforme du 2e pilier donnent une image incorrecte à la population. Ainsi, la baisse du taux de conversion entraîne en fait une baisse des rentes LPP pour les salaires à partir de 4000 francs. Contrairement à ce qui est affirmé, la réforme touche en outre aussi les retraités : en cas d’acceptation, de nombreux retraités devront attendre encore plus longtemps la compensation du renchérissement sur leurs rentes.
Les chiffres publiés par la Confédération enjolivent considérablement l’impact de la réforme sur les rentes de retraite. Et ce, alors que la Confédération avait déjà présenté des scénarios financiers erronés pour l’AVS lors de votations précédentes. Selon les chiffres de la Confédération, les personnes ayant des salaires à partir d’environ 5500 francs de revenu mensuel (x13) doivent s’attendre à des pertes de rentes LPP. En réalité, les conséquences sont bien plus graves.
Des rentes LPP en baisse déjà pour les salaires supérieurs à 4 000 francs par mois
La Confédération a présenté les effets de la réforme dans un tableau récapitulatif et renvoie à ces chiffres dans la brochure de votation. Il y est affirmé que les personnes actives avec un salaire annuel de plus de 70 000 francs sont pratiquement les seules à subir des baisses de rente. Et que les jeunes salarié-e-s dont le salaire se situe entre 25 000 et 40 000 francs par an recevraient plus de 300 francs de rente supplémentaire par mois. Mais ces calculs se basent sur des hypothèses totalement éloignées du monde réel. Ils partent du principe que les travailleuses et travailleurs gagnent exactement le même salaire tout au long de leur vie, comme si une personne qui commence sa vie professionnelle avec 40 000 de salaire annuel allait gagner ces mêmes 40 000 francs toute sa vie. C’est à rebours de la réalité du monde du travail. Les salaires augmentent au fil du temps parce que, au moins jusqu’à l’âge de 50 ans, l’expérience acquise progresse. Et aussi parce que l’économie devient plus productive.
Cette augmentation est encore un peu plus rapide en raison de l’acquisition de nouvelles compétences : les salaires des jeunes actifs augmentent d’environ 1 % supplémentaire par an. Si l’on tient compte d’une telle croissance salariale réaliste, les résultats de la réforme de la LPP sont nettement moins bons. Avec la réforme, les rentes LPP diminuent à partir de salaires mensuels d’un peu plus de 4000 francs (donc pour des salaires annuels de 54 000 francs).
Bilan de la réforme de la LPP déjà négatif pour les salaires supérieurs à 3 300 francs
Quant aux améliorations des rentes des bas et très bas revenus, elles sont très coûteuses. Pour un salaire mensuel de 3500 francs, la réforme entraîne une augmentation annuelle des cotisations LPP de 1500 à 2500 francs (selon l’âge) – pour une retraite améliorée d’à peine 2000 francs par an, soit moins de 200 francs par mois de rente LPP supplémentaire. Le bilan de la réforme de la LPP est donc déjà négatif pour des salaires mensuels de l’ordre de 3300 francs mensuels (x13). Les améliorations des rentes que promettent les partisans et la Confédération sont dans de nombreux cas un mirage. Elles n’existent que dans les tableaux de la Confédération, qui sont donc de nature à induire en erreur l’électorat. En réalité, la réforme entraînera une baisse des rentes LPP pour une grande partie des salarié-e-s.
La réforme empêche les compensations du renchérissement à venir pour les retraité-e-s
Les coûts des mesures de compensation ne seront pas seulement supportés par toutes les personnes actives, mais aussi par les retraité-e-s, bien que le Conseil fédéral affirme qu’ils ne sont pas concernés par la réforme. Comme les caisses de pension ont besoin de réserves pour financer ces compensations, l’argent ne sera plus disponible pour octroyer une compensation du renchérissement qui aurait été due cet automne. Si la réforme était acceptée, les rentes en cours seraient donc encore moins souvent adaptées au renchérissement que ce n’est déjà le cas aujourd’hui. En effet, les caisses de pension ne sont obligées d’accorder de telles adaptations que lorsque leurs réserves sont entièrement remplies. Aujourd’hui, environ la moitié des caisses de pension a dépassé ce seuil : elles devraient donc aussi accorder des compensations du renchérissement cet automne. Mais en cas d’acceptation de la réforme, les caisses de pension s’en garderont bien. Elles invoqueront d’abord la nécessité de créer de nouvelles provisions et réserves pour financer les compensations. Conséquence : les retraité-e-s devraient patienter des années supplémentaires avant que leur tour ne vienne. Alors que leurs rentes ne cessent de perdre de la valeur – rien qu’au cours des trois dernières années, la perte de pouvoir d’achat d’une rente du 2e pilier moyenne s’est élevée à l’équivalent d’environ 100 francs par mois.
Comité référendaire contre la réforme de la LPP, 26 août 2024