La pénibilité physique : un enjeu majeur

Entretien avec Jorge Muñoz, militant aux HUG

Jorge, la question de la pénibilité physique est l’un des enjeux de la votation du 3 mars. D’où vient cette question ? C’est une idée du SIT, que le Cartel intersyndical a portée pendant les négociations avec le Conseil d’Etat. A l’origine, il s’agissait de trouver le moyen de limiter l’augmentation de l’âge-pivot pour le personnel de la CEH, qui était inférieur de deux ans à celui de la CIA. Nous nous sommes dits : qu’est-ce qui peut justifier d’un point de vue syndical une différence d’âges de retraite au sein des services publics ? La réponse est dans la pénibilité physique du travail, qui concerne en fait beaucoup les métiers des soins. Dans l’accord de 2011 signé avec le Conseil d’Etat, nous avons obtenu que les métiers comportant une pénibilité physique puissent partir à 60 ans plutôt qu’à 63 ans. La LCPEG a relevé d’une année les âges-pivots par rapport à cet accord, soit à 61 et à 64 ans, mais le principe a donc été conservé.

Qu’entend-on par "pénibilité physique" ? Cela recouvre des aspects de conditions de travail difficiles qui ont un impact à long terme sur la santé : les efforts physiques d’une part, comme par exemple le port de charges ou le fait d’être debout durant de longues heures, l’exposition à des conditions environnementales difficiles, comme par exemple de grandes variations de températures ou à des produits toxiques, et enfin les horaires irréguliers ou de nuit. Ces facteurs de pénibilités sont par ailleurs intrinsèques aux métiers : par exemple des horaires de nuit existeront toujours à l’hôpital, quoi que l’ont fasse en matière d’amélioration des conditions de travail générales.

Cela concernera donc essentiellement les professions soignantes ? Oui, les aide-soignant-e-s et les infirmiers-ères à l’hôpital, mais par exemple également les nettoyeurs-euses et les laborant-e-s, les aides-familiales de l’Aide à domicile, ou encore d’autres professions répondant à ces critères au sein de l’Administration cantonale. Une liste des fonctions pénibles sera établie par règlement du Conseil d’Etat, sur laquelle nous comptons avoir notre mot à dire. L’accord de 2011 portait sur un minimum de 8000 travailleurs-euses.

Si la LCPEG est refusée le 3 mars, que se passera-t-il ? Nous nous sommes battu-e-s pour obtenir la reconnaissance de la pénibilité physique dans l’accord de 2011. Nous nous sommes encore battu-e-s face à la Commission des finances pour qu’elle maintienne ce principe dans la LCPEG. Si cette dernière est refusée le 3 mars, la droite a déjà annoncé qu’elle s’attaquera à ce principe, comme au reste des aspects positifs de cette loi. Il faut donc que cette loi soit acceptée par le peuple le 3 mars, pour donner une légitimité populaire à cette prise en compte de la pénibilité physique dans le plan de retraites. C’est le meilleur moyen de préserver ce principe et de résister aux prochaines attaques.